Une merveille quotidenne

Je voulais partager avec vous un émerveillement qui m’étreint le cœur, surtout ces derniers jours car j’en ai de plus en plus conscience..
Ma fille, 19 ans, vient de rentrer d’une petite escapade à Paris (au grand dam de la famille « quoi ? Tu laisses ta fille partir seule ? Mais tu es folle, c’est irresponsable, tu ne sais pas ce qu’elle peut faire et gna gna gni et gna gna gna… »…. LA PAIX !!!!)
Tous les jours elle m’envoyait des mamours via internet.
Ces derniers temps je l’observe et je vois la chrysalide se transformer en merveilleux papillon agitant chaque jour de nouvelles couleurs sur ses ailes, et que la veille encore je n’avais pas remarquées.
C’est vrai qu’elle est très mâture pour son âge, ce n’est pas moi qui le dit. C’est vrai aussi que notre relation est spéciale. Son père a démissionné dès sa naissance et ne lui a jamais donné d’amour. Nous avons toujours été très proches, complices. Mais sans pour moi cesser d’être sa maman. Elle avait besoin de doubles doses. Il ne s’agissait pas que je me transforme en copine. Des copines, elle en a.
Bon, faut pas rêver je pousse la chansonnette quand il s’agit de ranger sa chambre, d’être assidue et attentive à son travail scolaire. Mais même là, mon objectif est qu’elle n’ait plus besoin de moi.
Oui, c’est ça en fait. Il est très important pour moi que ma pichounette devienne une femme indépendante, autonome et qui assume ses choix. En fait, je le sais, je voudrais lui donner toutes les chances d’être elle-même. C’est exactement ce qu’on m’a empêché de faire et par tous les moyens même les plus extrêmes.
Et là, malgré les à côté « matérialo-matérialistes » du quotidien, je suis dans le ravissement. Ses interrogations, ses argumentations, ses prises de position, ses découvertes, ses étonnements et j’en passe…. J’assiste à de beaux moments et j’en profite avec délice.
Un jour elle partira, j’aurai un pincement au cœur c’est sûr. Mais de savoir qu’elle va vivre, prendre sa vie en main, se casser la figure, pleurer, rire, aimer et chaque jour recommencer avec la force vitale que j’ai essayé de lui insuffler, je sais que je serai une maman heureuse et comblée. Tant que je serai là, je resterai son havre de paix où le bateau de sa vie pourra venir déposer les amarres et se ressourcer. Je lui dois bien ça. Elle fait de moi chaque jour une maman heureuse.
Dans ma vie j’ai été longtemps une femme malheureuse et ça m’arrive encore quand j’oublie de lever la tête. Mais jamais jamais je n’ai été une maman malheureuse. Quel luxe ! Et j’en suis consciente !
Hier soir mon soleil est rentré et la magie recommence. (Ainsi que les « Inès, ta chambre !!! »)