La porte ancestrale

Tu imagines des bouleaux, qui pointent vers le ciel. Un parc, à peine retiré de la ville. Une porte ancestrale, simple pierre courbée sur deux piliers. De l'herbe qui souffle au vent. Une clôture en bois, arrachée et tombée à terre, qui crayonne la terre. Quatre minces filets d'eau de marbre, des jeunes filles, tout juste détournées d'elles, qui regardent les quatre horizons. Sous la pluie intermittente, et un son de pierre écrasée.
Une dame s'arrête de passer, découvre les statues, prend une photo dont je serai un des côtés, penché sur moi-même. Je pense à tous ces textes qui n'étaient que des seuils. Qu'est-ce qu'il y a, au-delà de mes doigts ? Le sol est grimé de mégots de cigarette, de papiers argentés, piqué de feuilles d'arbre oranges. La porte ne bouge pas. Tout est prêt. Un monsieur à la marche militaire, qui a oublié sa guerre, passe pas à pas. Deux jeunes filles, heureuses, sentant que l'air commence à vibrer autour d'elles. Le monsieur repasse, refait son chemin à l'envers. Le monde est là, derrière cette porte. Il faudrait la paix des braves, nous tenir la main, signer de tout notre être, pour la traverser