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Bonjour à toutes et tous !
Ca fait maintenant quelques mois que quand j'ai des moments à moi, j'aime me plonger dans mon monde. J'ai toujours été un grand lecteur (je lis 2 ou 3 livres par semaine), et il y a peu j'ai décidé de me lancer dans l'écriture. Pas dans un but d'édition, ni dans l'espoir de gagner un Goncourt, loin s'en faut !
Juste pour le divertissement. Projeter sur le papier une histoire qui me vient en tête... J'ai décidé de l'appeler "Vaccin", mais bien sûr je ne peux pas dire pourquoi ce titre, sinon je spoilerais la fin 😉
Ca ne se prétend pas autre chose qu'un succédané de roman de gare, quelque chose qui soit plus dans la lignée d'un Dean R. Koontz que d'une Amélie Nothomb... Disons qu'écrire me permet de me reposer l'esprit, et de me projeter dans un monde où les choses sont plus carrées, moins problématiques...
Vous noterez que l'histoire se déroule aux Etats-Unis, pour une simple raison : ma mère est américaine, et j'ai habité là-bas jusqu'à mes 12 ans, un peu balloté entre là-bas et la Belgique, donc j'y trouvais facilement mes marques.
Je vous préviens, c'est assez long, mais si ça peut me permettre de recevoir quelques retours...
Bonne lecture 🙂
Julia Mansfield
L'été semblait s'étirer à n'en plus finir. Même la nature semblait oublier de s'étioler en ce mois de septembre, les arbres gardaient leurs feuilles, le vert de l'herbe était toujours intense.
Allongée lascivement dans le jardin, Julia Mansfield laissait le soleil de cette fin d'après-midi la caresser. L'eau de la piscine reflétait le ciel bleu et les nuages, ballet hypnotique qui la plongeait dans un océan de pensées diffuses. Son esprit divaguait et n'accrochait rien de particulier.
Un bruit attira son attention. Semblant provenir du massif d'armoise, un grondement enflait, troublant la quiétude de l'atmosphère chaude et moite.
Soupirant, Julia se força à émerger du voile de torpeur qui l'enveloppait.
- Maman est de retour, se dit-elle ironiquement. Elle ne se sentirait jamais proche de cette femme qu'elle ne considérait que comme sa génitrice biologique. Elle se demanda si cette dernière comptait lui présenter la facture de location de son utérus, lorsqu'elle aurait atteint sa majorité. Elle ne put s'empêcher de rire, pensant à la grande Debbie Mansfield-Hicks, la reine de l'immobilier de la vallée de Santa Monica. Sa chevelure trop blonde et son sourire trop blanc s'affichaient partout sur les panneaux à vendre des propriétés de luxe de la région.
Julia laissa échapper un long soupir, déçue d'avoir été tirée de sa langueur estivale. Elle se leva et se dirigea à pas de souris vers la large baie vitrée, espérant simplement que sa mère ne la verrait pas rentrer.
La fraîcheur de la cuisine contrastait agréablement avec la chaleur qui régnait à l'extérieur. Se dirigeant vers le frigo, Julia se figea et tendit l'oreille en entendant sa mère ouvrir la porte de la maison et traverser le hall, passant sous le ridiculement monumental escalier qui semblait sortir d'un décor hollywoodien.
- Bonjour Madame. Attendez, je vais vous aider avec vos sacs.
Doris. Julia, en entendant la voix de la gouvernante, constata qu'une fois de plus celle-ci lui avait sauvé la mise, en détournant l'attention de Debbie suffisamment longtemps pour lui permettre de s'esquiver par la porte de service. Fermant la porte derrière elle sans faire de bruit, elle se dirigea vers sa chambre.
Gravissant les marches, elle sentait la moquette chinée crisser agréablement sous ses pieds-nus.
Arrivée à l'étage, elle resta plantée un instant devant la porte de sa chambre. Elle se retourna et contempla le couloir vide, presque virginal, avec sa moquette qui semblait couler dans l'escalier comme une cascade beige clair et ses murs d'un jaune si pâle qu'on pouvait à peine le distinguer du blanc du plafond. Finalement elle ouvrit la porte, et se félicita d'avoir fermé les rideaux plus tôt dans la journée. La fraîcheur donnait une sensation de printemps à la pièce, faisant oublier les affres des journées où la chaleur se portait comme un pull épais qui collait au corps.
Depuis 5 ans qu'ils habitaient là, sa chambre n'avait jamais changé. Debbie avait bien essayé de jouer les mères attentives en lui glissant quelques catalogues de meubles sous les yeux, mais Julia n'avait jamais cédé.
Elle aimait sa chambre, sa tanière qui avait ce pouvoir de la rassurer, ce lieu chargé de souvenirs où elle pouvait se ressourcer et laisser sa mémoire courir librement.
- Voilà ce qui te manque maman. Un coeur.
Elle s'en voulu de penser une telle chose. A sa façon, elle aimait sa mère, mais celle-ci vivait tellement dans un monde d'artifices et de paraître qu'on aurait dit qu'elles évoluaient toutes deux dans des univers parallèles, d'où elles pouvaient se voir, se parler, mais étaient condamnées à ne jamais se comprendre. Elle pensa que sa chambre était exactement à l'image de leur relation.
Dans cette maison aseptisée, où chaque chose était disposée avec soin selon un plan mûrement réfléchi afin de montrer le plus possible de signes de bon goût et d'opulence, sa chambre restait son bastion de liberté.
Son plancher en bois foncé élimé par endroit tranchait avec les sols clairs immaculés du reste de la maison, son lit dont la même latte craquait chaque nuit depuis trois années semblait sortir d'une ancienne maison coloniale, avec son aspect massif et son essence sombre, aux antipodes des autres meubles de la maison où l'inspiration japonaise et épurée qui plaisait tant à sa mère avait pris le dessus. Oui, elle aimait sa chambre, son papier-peint bleu clair, ses meubles en bois qui accusaient le poids des années, son bureau encombré de livres, ses piles de vêtements jetées dans un coin sans en faire grand cas, et ses rideaux bleus qui jetaient des ombres difformes sur les murs.
Elle se sentit envahie par le sentiment confus de ne pas totalement être à sa place dans cette maison, mais sans savoir à quel univers elle appartenait.
S'asseyant sur son lit, elle se mit à feuilleter le catalogue que son père lui avait donné.
- Ma chérie, il serait temps qu'on remplace ta voiture, l'actuelle jure avec la couleur de tes yeux, lui avait-il dit.
Son père était l'exact opposé de sa mère. Doté d'un sens de l'humour aiguisé et d'un optimisme à toute épreuve, il avait toujours gardé son caractère d'avant, quand il était encore Bill Mansfield. Bien avant que le succès de BioT Engineering ne fasse de lui un des hommes les plus riches de l'état, bien avant qu'il ne doive céder au protocole rébarbatif d'être dorénavant appelé Monsieur William Mansfield III.
Qui d'autre aurait l'idée de vouloir lui offrir une voiture qui serait assortie à ses yeux ?
Elle se rappela, soudain submergée par une émotion profonde, du jour où il lui avait offert son acura integra. Il lui avait dit qu'il avait besoin d'elle pour l'aider à choisir une cravate, rituel immuable depuis qu'elle avait 8 ans, quand elle avait fièrement déclaré que dorénavant ce serait sa tâche à elle.
Dieu comme il avait été patient, acceptant avec ce grand sourire qui lui illuminait tout le visage les pires choix qu'une enfant pouvait faire, portant sans la moindre hésitation des cravates oranges à motifs de personnages de dessins animés, ou des modèles baroques dont les couleurs semblaient vouloir s'enfuir du tissu tant elles étaient mal assorties.
Presque 10 ans après, l'habitude était restée, rite vivace ancré dans leur routine une fois par an, comme un jour dont l'importance serait aussi grande que la fête nationale.
Mais ce jour-là, il ne s'était pas arrêté devant la boutique de Monsieur Kim.
Il avait continué sur Santa Monica Boulevard, et ils s'étaient garés devant un bâtiment blanc et vitré, aux formes aériennes et modernes.
Moins de 10 minutes plus tard, Julia sautait au cou de son père en recevant les clés de sa voiture.
Ce bout de tôle n'avait pourtant rien d'attirant, portant ses dix années, d'un bleu électrique repérable à des kilomètres, et pourtant fait pour se fondre anonymement dans le paysage automobile. A ses yeux elle représentait l'autonomie, la liberté de pouvoir se rendre au parc Topanga pour profiter du calme seulement troublé par le ballet des écureuils le long des arbres, la possibilité de pouvoir se créer un cocon bien a elle. Tourner la clé et aller voir son père au bureau, chaque miles s'égrenant sur le compteur la rapprochant d'un père qui l'aimait, auprès de qui elle se sentait forte et écoutée.
Mais depuis les affaires marchaient de mieux en mieux, et son père estimait qu'elle méritait mieux que sa vieille Acura.
Lorsqu'il lui avait tendu le catalogue du cabriolet de sport qu'il comptait lui offrir, elle s'était sentie submergée par une puissante vague de nostalgie.
Elle qui n'était pas attachée aux choses, elle ne voyait dans cette carrosserie ouverte, dans ces chromes rutilants et dans cet intérieur revêtu de cuir que le symbole de ce qui était fait pour surtout plaire à sa mère.
Mais elle s'était faite à l'idée. Elle avait même fini par voir son Acura d'un oeil plus critique, pestant contre l'air conditionné erratique qui la faisait parfois sortir ruisselante d'un habitacle chaud comme une étuve, s'irritant également du bruit rauque et métallique de son pot d'échappement, qui serait bientôt à remplacer.
La fin d'une époque. Comme si toute son insouciance de jeune fille allait disparaître avec sa voiture, pour entrer de plein pied dans un monde fait de sérieux et de rigueur.
- Ressaisis-toi, tu vas finir par t'enfuir avec ta voiture pour l'épouser dans une chapelle à Las Vegas !
Un bref regard au réveil sur sa table de nuit lui apprît qu'il était déjà presque huit heures.
La lumière déclinante du soleil lui donna l'envie de partir, de se gorger de cette petite brise qui se levait à la tombée du soir, si légère qu'elle ressemblait à une caresse. Saisissant ses clés de voiture sur le bureau, elle s'arrêta un instant devant le miroir pour se regarder. Elle s'étonnait encore d'avoir les yeux de la même couleur que ceux de sa mère, mais de ne rien leur trouver en commun. Elles partageaient ce même vert proche de l'émeraude, parsemé de petites pépites plus claires qui accrochaient la lumière et qui rendaient leurs yeux pétillants. Mais du haut de ses 18 ans, ceux de Julia avaient déjà cette lueur qu'on attribue d'ordinaire aux gens qui ont vécus milles vies.
Son existence était loin d'être une aventure, mais son relatif inconfort quant aux contacts humains l'avait dotée d'une vie intérieure d'une rare intensité, qui était devenue une sorte de refuge pour ses moments de solitudes. Chaque joie, chaque chagrin, chaque état d'âme qu'elle ne pouvait partager, faute d'interlocuteur, trouvait un exutoire dans une véritable épopée mentale qui, bien souvent, finissait par prendre l'allure d'une super-production dans laquelle elle se mettait en scène.
Satisfaite de son reflet dans la glace, elle se prépara mentalement à affronter sa mère, sortit de sa chambre et descendit l'escalier.
Harry Markiewicz
Harry fixait depuis cinq minutes son clavier sans le voir. Autour de lui son bureau était silencieux, seul le ronronnement de l'air conditionné se faisait entendre.
Sa migraine n'était plus qu'une vague réminiscence, mais il avait préféré rester dans le noir, les stores baissés, dans le scintillement de l'écran de l'ordinateur.
Tout le monde était parti il y avait déjà bien longtemps, l'atmosphère de fourmilière avait fait place à une ambiance de mausolée.
Quand il devait se livrer aux incontournables tâches administratives, il évoluait entre ses collègues en jouant le jeu de la sociabilité sans en connaître toutes les ficelles, souriant par-ci, serrant une main par-là, tout en évitant scrupuleusement de nouer des contacts qui l'auraient mis mal à l'aise.
Il aimait rester tard, quand il pouvait se concentrer totalement, sans être dérangé par le bruit ou les interventions sporadiques du téléphone ou de ses collègues.
Déjà deux ans qu'il avait été engagé comme directeur des recherches. Il sourit amèrement en repensant à l'annonce de son engagement, revoyant clairement dans son esprit la rangée d'hypocrites qui lui avait serré la main en le félicitant d'un tel poste à seulement 21 ans, alors qu'il pouvait sentir leur frustration de stagner à l'échelon inférieur.
Jeune prodige avait annoncé William Mansfield. C'est vrai qu'il avait toujours eu ce que sa mère appelait des facilités, il avait cette capacités d'absorber n'importe quelle matière en un temps incroyablement court, et d'en faire ressortir des concepts inédits.
Beaucoup aimaient à penser que la seule raison de sa nomination était sa relation amicale avec Julia, la fille du directeur. Qu'ils le pensent s'ils le souhaitent, les résultats qu'il avait obtenus en deux ans et les tests qu'il avait passé sans aucun passe-droit étaient suffisants à ses yeux pour justifier sa présence au sein de la BioT engineering.
L'idée l'effleura que les trois derniers jours passés loin du laboratoire l'avait épuisés, et qu'il avait hâte de pouvoir retourner dans la blancheur immaculée de ses quartiers hautement sécurisés, totalement dédié à ses expérimentations.
D'un mouvement sec, il éteignît l'écran de l'ordinateur, rassembla ses documents dans sa serviette en cuir, attrapa sa veste sur le dossier de sa chaise, et quitta son bureau sans se retourner.
Le bâtiment était moderne, mais les couloirs étaient sombres. Les murs recouverts de bois foncés semblaient absorber la lumière des néons sans en rendre une once, et la moquette gris foncé se déroulait telle une autoroute vidée de sa circulation.
Arrivé devant l'ascenseur, il pressa le bouton, et la porte s'ouvrit immédiatement dans un glissement silencieux.
Deux minutes plus tard, il sortait du bâtiment et arrivait sur le parking. Un petit vent frais s'était levé, qui fît danser sa cravate quelques instants. Perdues entre les massifs impeccablement taillés qui délimitaient les aires de stationnement, seules 4 voitures attendaient, amas de tôles paresseux dont les carrosseries renvoyaient les derniers rayons du soleil de cette fin de journée. Il parcourut les 20 mètres qui le séparaient de sa camaro.
Il sentit son téléphone vibrer dans la poche de sa veste, mais hésita un instant, avant de décider de ne même pas y jeter un oeil. Si c'était sa mère, elle le verrait dans moins de 20 minutes. Si c'était Julia, elle lui laisserait un message. Mais si c'était encore lui qui l'appelait ? Il décida qu'il ne voulait pas savoir. Il monta dans sa voiture, mit le contact, démarra, et quitta le parking.
Lyle Tucker
Tucker se tenait au sommet de l'escalier. Il se demandait si à ce stade de sa carrière il continuait ce boulot par envie ou parce qu'il ne savait rien faire d'autre.
- Tucker, viens voir ça ! Une voix émergeait des profondeurs de la cave. Anthony Rizzo l'appelait, et il n'avait franchement pas envie d'y aller. Dieu sait quelle connerie ils allaient encore découvrir.
- J'arrive, Rizzo. Le premier pas lui coûta plus qu'il ne l'aurait pensé.
Deux heures plus tôt, ils avaient reçu un coup de téléphone au central, des gens se plaignant du tapage de leurs voisins. Apparemment, le bruit ne les avait pas dérangé, jusqu'au moment où un long cri avait émergé de la maison, suivi d'un silence de mauvaise augure. Et bien entendu, le duo Tucker et Rizzo était en première ligne pour les cas du genre.
- Les gars, depuis l'affaire Gomez je peux pas me permettre un faux pas. Vous êtes les meilleurs agents que j'aie, alors bougez-vous le cul et allez me fouiller ce merdier. Et si vous trouvez la moindre chose suspecte, je veux que vous rappliquiez vos petits culs de blancs ici immédiatement.
Cela faisait plus de dix ans que Tucker bossait pour Simons, et il le connaissait suffisamment pour savoir que quelque chose puait dans cette histoire. Les faire aller jouer les rats dans les combles pour un tapage nocturne, et donner à cette affaire des relents de mystère, ce n'était vraiment pas son genre.
Se demandant une fois de plus dans quel bordel ils étaient en train de se fourrer, Tucker descendit l'escalier qui menait à la cave de la modeste maison de cette banlieue calme de Los Angeles.
- Alors mec, qu'est-ce que ça donne ? Il essayait de prendre un air détaché, mais depuis leur arrivée quelque chose ne collait pas. Les Williams qui habitaient la maison étaient absents depuis une semaine selon les témoignages des voisins, et la porte d'entrée n'était pas verrouillée. Elle n'avait pas été forcée, elle était simplement ouverte. Oublie-t'on vraiment de fermer sa porte à clé quand on part pour une longue période ?
L'ambiance de la maison les avait immédiatement mis mal à l'aise. Tout était propre. Beaucoup trop propre, aseptisé. Des meubles simples et fonctionnels, comme neufs, aucune décoration futile, pas un cadre, pas une photographie, rien de ces petits objets que chaque famille finit par accumuler au cours d'une vie. L'endroit semblait ne jamais avoir été habité, mais simplement entretenu consciencieusement. Ce qui l'avait surtout étonné c'était de ne rien retrouver qui permette de se détendre. Pas de télévision, pas de poste de radio, pas de bibliothèque, même pas un simple porte-magazine comme on en trouve dans toute famille américaine.
Sentant les poils de ses bras se dresser, Tucker pénétra dans la cave. L'endroit n'était pas très grand, et formait une sorte de L. Bas de plafond, l'éclairage était assuré par une ampoule nue qui pendait au plafond, projetant des ombres dures sur les murs blancs. Là aussi l'impression de propre et de froideur était omniprésente, sensation encore plus désagréable quand il s'agissait d'une cave. Tournant le coin, Tucker aperçu Rizzo. Ce qu'il vit lui glaça le sang, et il fut incapable de bouger.
Julia Mansfield
- Ma chérie, comme tu es rayonnante ! Debbie affichait son sourire de façade, tout en dents et en blancheur. Julia eût un instant l'envie diabolique de lui rendre le même sourire artificiel, mais sa mère le prendrait probablement très mal.
- Merci. Je vais aller voir si Harry veut manger avec moi, je n'arrive pas à le joindre. Ca ne te dérange pas que je mange dehors ?
Elle n'attendit même pas la réponse et se dirigeait déjà vers la porte. Ces conversations vides et rituelles, malgré leur caractère innocent, avaient le don de la vider de son énergie.
- Julia ! Surprise que sa mère l'interpelle, elle se figea et se retourna lentement.
- Oui ? Elle espérait qu'elle ne donnait pas l'impression d'être un lapin pris dans les phares d'une voiture, elle avait horreur d'être prise par surprise, surtout par Debbie.
- Ma chérie, tu comptes sortir comme ça ? Julia la regarda d'un oeil vide, ne comprenant pas de quoi elle parlait. Puis elle suivit son regard, et se rendit compte que perdue dans ses pensées, elle ne s'était pas changée et portait toujours son seul bikini.
- Non bien sûr, j'allais justement enfiler quelque chose ! Menti Julia, tout en se mordant la langue pour éviter que monsieur Fou-rire ne frappe à la porte de son esprit pendant qu'elle s'imaginait débarquer dans le salon de Madame Markiewicz dans son deux pièces, comme si de rien n'était. Cette dernière se serait probablement signée et serait tombée à genoux, exhortant Jézabel de quitter le corps de cette vertueuse et innocente créature de Dieu.
Elle s'en voulu immédiatement d'avoir de telles pensées pour une femme qui avait joué le rôle de mère bien plus que Debbie ne le ferait jamais. Mais c'était plus fort qu'elle, elle s'était toujours sentie mal à l'aise face à la mère d'Harry. Sa foi puissante avait quelque chose d'implacable et d'effrayant, et son regard perçant avait le don de vous jauger à distance, vous faisant presque sentir le poids de vos péchés.
Ses pensées l'avaient ramenée dans le présent, et son fou rire ne risquait certainement pas de revenir de sitôt. En fait elle se sentait même vaguement mal à l'aise, en plus d'avoir conscience de sa presque nudité.
Elle monta dans sa chambre, et se changea, optant pour un classique jeans (parce que sa mère détestait ça, ça manquait de classe à ses yeux. Désolée maman.) et un chemisier un peu informe mais confortable.
Elle descendit et pris pour une fois l'escalier principal afin de ne pas avoir à croiser Debbie. Une fois dans le hall elle se contenta de hurler un tonitruant « au revoir ! » avant de sortir. L'air qui avait perdu de sa moiteur poisseuse était maintenant tiède, avec une petite brise rafraîchissante qui fit danser ses cheveux autour de son visage ovale.
Elle se dirigea vers son Integra, quand elle sursauta.
Doris venait de surgir de nulle part, sa silhouette noire comme de l'ébène se dressant devant elle. Doris avait l'air tanné des gens qui ont toujours vécu par et pour le travail, mais ses yeux étaient un océan de douceur. Depuis qu'elle était toute petite, Doris était au service de ses parents. D'abord elle se contentait de la garder quand ses parents s'absentaient, mais quand son père avait fait fortune, ils avaient insisté pour qu'elle les suive en Californie et qu'elle soit employée à demeure, Debbie estimait que s'occuper d'un enfant et des tâches ménagères n'étaient pas aussi passionnante que de s'occuper de décoration et de vendre des maisons hors de prix à des gens pleins aux as qui jouaient sur le même registre de fausseté qu'elle.
Julia avait bondi de joie en apprenant ça. Doris était comme ces anges qu'on voit dans les comtes de noël, une présence bienveillante qui vous surveille du coin de l'oeil, qui sont là quand vous avez besoin d'eux, qui vous guide tout en vous laissant faire vos propres choix, qui vous enseigne à faire vos erreurs et qui sont là pour guérir vos bleus, même si vous n'avez pas écouté leurs conseils.
- Belle, tu ne vas pas partir sans avoir fait honneur à Doris ! La voix pleine de chaleur de la gouvernante achevait d'enlever le poids que Julia avait sur les épaules.
Elle lui tendit un petit sac en papier. Julia l'ouvrit, et sentit l'odeur des cookies lui assaillir délicieusement les narines.
- Doris, qu'est-ce que je ferais sans toi ? Sans même réfléchir, elle se jeta au cou de son ange gardien, se demandant pourquoi quelques cookies la rendait si émotive.
- Fais attention à toi Belle, on ne doit jamais se fier aux apparences.
Doris l'embrassa sur le front puis se dirigea vers la maison.
Julia monta dans sa voiture, se demandant encore ce que Doris voulait dire par là.
Merci Fred 🙂 ... je suis bien incapable d'écrire comme ça ... 🙂
Je vois pas bien ce que je pourrais faire comme retour ....La seule chose qui m'apparaît c'est que le personnage de Julia manque de cohérence mais c'est juste un avis de profane ...
On aura la suite ?
"J'ai des questions à toutes vos réponses "
W. Allen
Vous aurez la suite oui 😉 Et effectivement y a un truc qui a l'air de clocher avec elle, elle est un peu trop paradoxale dans la description, un peu gamine, un peu "trop" grave par moment, solitaire mais avec des allures de midinette, je me suis un peu éparpillé ^^
M'en vais la recadrer un peu 😀
voilà , je trouvais aussi ... :blush: mais franchement c'est agréable à lire ! 😀
"J'ai des questions à toutes vos réponses "
W. Allen
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