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Comme Alysson, de nombreux indépendants peinent à joindre les deux bouts depuis le début la crise
La disparition d’Alysson, une jeune barbière liégeoise qui n’en pouvait plus d’être acculée financièrement et qui a mis fin à ses jours, a beaucoup ému les Belges. Sa mort pose aussi beaucoup de questions concernant le statut d’indépendant et les aides qui leur sont octroyées. Antoinette, une commerçante voisine d’Alysson, explique quelles sont les difficultés de se lancer à son compte.
Ils étaient encore quelques-uns, amis proches, amis indépendants et inconnus, à se rendre, ce mercredi, devant le salon d’Alysson, situé rue Saint-Gilles. Certains y déposaient encore quelques fleurs, d’autres restaient seulement là, en silence, pour rendre un dernier hommage à la jeune barbière de 24 ans.
Dans la rue, elle était très appréciée. Antoinette tient la sandwicherie “Pause & Vous”, à quelques mètres du “Hooterscutting”, le barber shop d’Alysson. Même si elle ne la connaissait que très peu, l’annonce du décès d’Alysson, qu’elle décrit comme une jeune femme toujours souriante, avenante et prête à rendre service, a été pour elle un grand choc.
Se lancer, c’est difficile
La situation qu’a traversée la barbière liégeoise n’est pas sans lui rappeler ce qu’elle a vécu à ses débuts. “Être indépendant est très difficile, surtout les premières années. Lorsque je me suis lancée il y a quatre ans, on m’avait dit que les deux premières années allaient être compliquées. Ça a d’ailleurs découragé ma collaboratrice qui s’en est allée du projet”, nous explique-t-elle.
Être indépendant ou encore se lancer en pleine crise, c’est encore pire.
Encore plus en tant que barbier ou coiffeur, un métier qui a beaucoup changé durant la pandémie “Maintenant, on est obligé de prendre rendez-vous pour aller chez le coiffeur. Ça n’aide certainement pas ceux qui se sont lancé il y a peu et qui ont encore besoin de se faire connaître”, commente Thomas, le fils d’Antoinette.
Pour la gérante de la sandwicherie, crise ou pas crise, l’État devrait davantage aider les indépendants qui se lancent, au lieu de leur réclamer de l’argent dès qu'ils démarrent.
Quand on veut écrire quelque chose ici il est inscrit "Que voulez-vous dire ?" Et dans ce cas-ci que dire ? Submergé de colère, de tristesse, d'incompréhension, de dégoût pour ce monde qui nous est imposé, je ne sais pas quoi dire !
Je pense au désarroi de la famille de cette jeune femme, nous ne sommes pas sur terre pour vivre de telles atrocités.
J'ai déjà été choqué qu'on puisse dire à toute une catégorie d'êtres humains qu'ils étaient non-essentiels.
Faillites chez les indépendants
Si Antoinette et son fils, qui l’aide dans la sandwicherie et est, lui aussi, indépendant, ont pu survivre durant la crise, c’est parce qu’elle a été prévoyante et a pu mettre un peu de côté. “Durant le premier confinement, on est resté fermé. On a rouvert en mai et on a continué à travailler durant l’été. Ce qui est inhabituel’, explique-t-elle. “Mais on n’avait pas le choix. On s’est dit qu’il fallait qu’on se sécurise un maximum au cas où l’on devrait à nouveau fermer. Et maintenant, même si on peut rester ouvert, le chiffre d’affaires a été réduit de moitié.”Une fois nos charges payées, on n’arrive même pas à s’octroyer de salaire.
Antoinette, Gérante de la sandwicherie “Pause & Vous”
Mais tous n’ont pas cette chance de pouvoir sans sortir. Dans la rue Saint-Gilles, par exemple, une autre sandwicherie a dû mettre la clef sous la porte. Dans leur entourage, Antoinette et Thomas connaissent aussi d’autres indépendants qui ont ouvert avant la crise, mais qui ont été forcés de fermer.
Pas assez clair
En pensant à Alysson, ils se disent qu’elle a eu bien du courage de se lancer à son compte en plein milieu de la crise. “Cet été, on voyait déjà arriver le deuxième confinement. C’est incroyable que sa passion ait été aussi forte et qu’elle ait décidé de se lancer malgré tout”, commente Thomas. “Le gouvernement aurait pu... aurait dû en faire plus pour aider les personnes comme elle avant que ce drame n’arrive. Il savait à quoi s’attendre. Il sait que les indépendants comme nous peinent encore à joindre les deux bouts.”
Enfin, comme l’expliquait la marraine d’Alysson, ce mercredi matin, Thomas trouve que les informations ne sont pas assez claires concernant les primes, le droit passerelle et le double droit passerelle. Il estime aussi que les délais sont trop longs. Même s’il admet qu’il y a eu quelques améliorations depuis le premier confinement, il souhaiterait que les choses soient mieux gérer encore à l’avenir, et qu’un fonds d’aide soit mis en place pour aider les indépendants comme lui et sa mère, mais surtout comme Alysson.Un ami d’Alysson veut lancer un fonds d’aide pour les indépendants: “On doit passer à la vitesse supérieure!”
La mort d’Alysson, qui a mis fin à ses jours suite à la pression qui pesait sur ses épaules en tant que jeune indépendante, a choqué le pays entier. Depuis hier, les témoignages d’amis, de clients de la jeune barbière de 24 ans, mais aussi d’inconnus, inondent les réseaux sociaux. Diverses initiatives voient également le jour pour aider sa famille, rendre un dernier hommage à Alysson, ou pour aider les indépendants qui, comme elle, font actuellement face à de grandes difficultés.l y a deux mois, Serge Schoonbroodt, un organiste eupenois basé à Liège, était devenu un client d’Alysson. “Elle était incroyable, je me suis rapidement pris d’amitié pour elle”, explique-t-il. S’il ne s’attendait pas à l’acte inimaginable qu’elle a posé, il le comprend un peu.Le monde politique réagit au suicide d’Alysson: “Les indépendants ne doivent jamais hésiter à demander de l’aide”
Le ministre fédéral des Indépendants David Clarinval (MR) réagit dans les colonnes de Sudpresse au suicide d’Alysson, cette barbière liégeoise de 24 ans qui a mis fin à ses jour lundi car elle n’arrivait plus à joindre les deux bouts.La jeune femme pensait, à tort, qu’elle n’avait droit à aucune aide. Ayant ouvert son commerce il y a seulement trois mois, Alysson n’était en effet pas éligible au droit passerelle mais la jeune indépendante pouvait bénéficier du double droit passerelle de crise, dû dès que la fermeture d’un commerce est ordonnée. Le gouvernement a la volonté d’aider tout le monde”, assure le ministre libéral à Sudpresse. “Je comprends la pudeur, mais quand la crise est historique et la situation de détresse, il reste les services sociaux; il ne faut pas hésiter à les solliciter”, conclut-il.
Le décès de la jeune femme a suscité l’émoi sur les réseaux sociaux. Plusieurs autres responsables politiques ont témoigné leur sympathie et soutien à la famille. “Alysson n’est plus là. Elle représentera à l’avenir ces jeunes indépendants courageux, volontaires, mais fragiles; celles et ceux qui n’ont pas pu s’en sortir. Simplement dramatique. Personne ne doit être abandonné” a réagi le président du MR Georges-Louis Bouchez sur Twitter.Alysson a osé entreprendre dans un contexte difficile. Elle croyait en son projet et son talent. Sa disparition nous incite à la plus grande humilité face à cette crise économique et sociale. Sincères condoléances à ses proches et total soutien à toutes les victimes collatérales du Covid”, a écrit la députée fédérale Sophie Rohony (DéFI).Alysson, jeune Liégeoise de 24 ans, a mis fin à ses jours après avoir tout perdu à cause du coronavirus
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